"Le mot BRAShITH, dont il s’agit ici, est un nom modilicatif formé du substantif RASh, la tête, le chef, le Principe agissant, infléchi par l’article médiatif (le moyen) B, et modifié par la désinence désignalive ITh (l'essence et la nature objective des choses)*. Il signifie proprement, dans le principe, avant tout; mais au figuré, il veut dire, en principe, en puissance d'être.
Voici comment on peut arriver au sens hiéroglyphique. Ce que je vais dire servira d’exemple pour la suite. Le mot RASh, sur lequel s’élève le modilicatif ; , signifie bien la tête; mais ce n’est que dansun sens restreint et particulier. Dans un sens plus étendu et plus générique, il signifie le principe. Or, qu’est-ce qu’un principe? Je vais dire de quelle manière l’avaient conçu les premiers auteurs du mot .Ils avaient conçu une sorte de puissance absolue, au moyen de laquelle tout être relatif est constitué tel ; et ils avaient exprimé leur idée par le signe potentiel A , et le signe relatif Sh, Sin (le mouvement relatif) réunis. En écriture hiéroglyphique, c’était un point au cenlre d’un cercle. Le point central déployant la circonférence, était l’image de tout principe. L’écriture littérale rendait le point par A , et le cercle par S ou Sh . La lettre représentait le cercle sensible, la lettre le cercle intelligible qu'on peignait ailé ou entouré de flammes.
Un principe ainsi conçu était, dans un sens universel, applicable à tontes les choses, tant physiques que métaphysiques ; mais dans un sens plus restreint, on l’appliquait au feu élémentaire ; et selon que le mol radical ASh était pris au propre ou au figuré, il signifiait le feu, sensible ou intelligible, celui de la matière ou celui de l’esprit.
Prenant ensuite ce même mot , dont je viens d’expliquer l’origine, ils le faisait régir (diriger) par le signe du mouvement propre et déterminant R, et l’on obtenait le composé , c’est-à-dire, en langage hiéroglyphique, tout principe jouissant d’un mouvement propre et déterminant, d’une force innée bonne ou mauvaise. Cette lettre se rendrait en écriture sacrée par l’image d’un serpent, debout ou traversant le cercle par le centre. Dans le langage ordinaire, on voyait dans le mot , un chef, un guide , la tête de tel être, de telle chose que ce fût ; dans le langage figuré, on entendait un premier moteur (ce dont sort le mouverment des choses), un principe agissant , un génie bon ou mauvais, une volonté droite ou perverse, un démon, etc.»; dans le langage hiéroglyphique on signalait le Principe principiant universel, dont il n’était point permis de divulguer la connaissance.
Voilà les trois significations du mot , qui sert de base au modificatif .
Au reste, voici, pour ne rien omettre dans ce premier article, comment les quatre versions originales rendent ce mot important. La version samaritaine dit , c’est-à-dire, en substanfialilé, en élémentisation, en commencement. Le targum chaldaïque porte BQDMINf. ,que l’on peut traduire, dans le point culminant des assimilations universelles ; dans l'antériorité des temps. Les hellénistes traduisent , les latins, « in principio ». Les premiers se rapprochent beaucoup plus du samaritain, et les seconds du chaldaïque. Ce qui devait être; car, comme je l’ai dit, les hellénistes consultaient souvent la version samaritaine, et St. Jérôme, les rabbins de Tibériade attachés aux targums."
Fabre-d'Olivet.
La langue hébraïque restituée
Essence:
*"On entend généralement par « essence » d’une chose sa nature, autrement dit ce qui, non seulement permet de distinguer cette chose d’une autre, mais encore ce qui demeure identique sous les différents aspects, ou manifestations, de la chose considérée."
Charles Ramond
Nature des choses:
Dans le Traité de la réforme de l’entendement, Spinoza développe certaines indications sur les définitions qui doivent énoncer ce qui constitue la nature ou essence des choses.
R et Sh
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